Depuis ses débuts, la compagnie Parnas s’est presque exclusivement dédiée au répertoire contemporain. On peut certes parler d’aujourd’hui à travers des œuvres classiques, mais je pense qu’un art vivant, toujours en recherche doit aussi parler d’aujourd’hui avec des paroles d’aujourd’hui : auteurs vivants ou morts (Copi - Dubillard - Koltès - Pasolini - Valletti-Frisch…), pièces ou matériaux servant de base au travail de plateau (scénario de cinéma, collages de textes…) — “faire théâtre de tout” comme disait mon maître Antoine Vitez.

A propos de mon travail, on a beaucoup parlé de danse. Je n’emploierai pas ce mot là, je ne suis pas chorégraphe mais le corps prend le relais des mots pour célébrer cette fête païenne, ce rite barbare qu’est le théâtre.
D’Artaud, j’aime retenir la force de la scène comme lieu de libération des abcès, des terreurs enfouies, des pulsions, comme dans le rêve.
De Shakespeare, la vision du drôle d’animal humain s’agitant dans la vie comme des marionnettes sur la scène.

Bien sûr dans ces cauchemars la Mort est omniprésente, mais comme terreau d’où la Vie peut prendre tout son sens, toute sa sensualité, et dans la perspective d’un théâtre résolument populaire.

Catherine Marnas


Tout en étant comédienne, Catherine Marnas obtient une maîtrise de Lettres Modernes et un D.E.A de Sémiologie théâtrale. Elle débute comme assistante à la mise en scène auprès d’Antoine Vitez puis de Georges Lavaudant sur dix créations.
En 1986, elle fonde la Compagnie Parnas avec Claude Poinas afin de créer son premier spectacle Rashomon d’Akutagawa Ryunosuke.

Depuis ses débuts, la Compagnie Parnas s’est presque exclusivement dédiée au répertoire contemporain en faisant le choix de parler d’aujourd’hui avec des paroles d’aujourd’hui, auteurs vivants ou morts (Copi, Dubillard, Koltès, Pasolini, Valletti, Frisch, Olivier Py, Rebotier…). Le choix de parler de « notre » monde consiste aussi à explorer différents matériaux comme les scénaris de cinéma, les collages de textes, le son, la musique... Ainsi les petites et les grandes formes théâtrales cohabitent dans le travail de la Compagnie comme le prônait Antoine Vitez, il s’agit de « faire théâtre de tout ».

Diversité des formes et des langages et aussi diversité des lieux. Installée à Marseille depuis 1997, la Compagnie rayonne sur la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur où elle est très investie notamment grâce à des complicités avec le Théâtre La passerelle, scène nationale des Alpes du Sud de Gap depuis quinze ans, le Théâtre des Salins, scène nationale de Martigues, Le Théâtre, scène nationale de Cavaillon, le Théâtre d’Arles, Théâtres en Dracénie de Draguignan... Elle tourne aussi dans les autres régions françaises, à Paris et travaille régulièrement avec l’Amérique Latine (Mexique, Brésil...) et l’Asie (Pékin, Cambodge...).

L’autre singularité de la Compagnie Parnas est d’avoir initié en 2005 un projet de mutualisation en collaboration avec des théâtres partenaires de la Région PACA (Gap, Martigues, Cavaillon). Ce projet s’appuie sur une troupe de cinq comédiens permanents réunis autour de Catherine Marnas et rejoints par d’autres compagnons fidèles comme le scénographe, la costumière... Tous engagés à faire vivre le répertoire de la Compagnie et aussi à travailler au quotidien sur le territoire, à chercher ensemble et à démultiplier les rencontres avec les publics.

La Compagnie est tout à la fois une ruche et un laboratoire ce qui lui permet également de se confronter depuis 2007 à de nouveaux territoires comme l’espace public (Le Temps suspendu, Le crabe et le hanneton...).





















PARTENAIRES

La Compagnie Parnas est subventionnée par :

La Direction Régionale

des Affaires Culturelles

www.culture.fr/culture/paca

Le Conseil Régional

Provence-Alpes-Côte-d’Azur

www.cr-paca.fr

Le Conseil Général

des Bouches-du-Rhône

www.cg13.fr

La ville

de Marseille

www.mairie-marseille.fr


PARTENAIRES INTERNATIONAUX

Les projets internationaux sont soutenus par :

L’Institut Français
www.institutfrancais.com


AFFINITÉS

La Friche de la Belle de Mai Théâtre La passerelle - Scène nationale de Gap Théâtre des Salins - Scène nationale de Martigues Théâtre National de Strasbourg
www.lafriche.org www.theatre-la-passerelle.eu www.theatre-des-salins.fr www.tns.fr/
Scène Nationale de Cavaillon Théâtre d’Arles Théâtre de Draguignan
www.theatredecavaillon.com www.theatre-arles.com www.theatresendracenie.com


ENFANTS D'EVE, ENFANTS DE LILITH

Accents des Bouches-du-Rhône,

Lilith, Eve et … les hommes
La Compagnie Parnas et le Centre d’information sur le droit des femmes Phocéen ont fait réfléchir des collégiens du département sur les inégalités hommes - femmes.

“… Décryptant les premiers mythes féminins de Lilith et d’Eve, et de l’image de la femme dans les grands textes littéraires, philosophiques et religieux, le spectacle … a interpellé le jeune public notamment avec le travestissement des comédiens. …”

voir la présentation du spectacle

LE CRABE ET LE HANNETON

Le Dauphiné Libéré, le 20 mai 2008

Derrière ce titre énigmatique les spectateurs, …, découvrent une fantaisie théâtrale , en chansons et musique, dont ils deviennent vite les acteurs.

En effet arrivés en fanfare, les douze musiciens et cinq chanteurs-acteurs de la Compagnie Parnas ne mettent pas longtemps à embarquer avec eux un public de tous âges, et qu’ils ne lâcheront plus, pendant la petite heure que dure le spectacle.
Comme fil conducteur, volontiers attrapé par les petits et les grands, les “lois de Murphy”, selon lesquelles “s’il existe une possibilité pour que les choses tournent mal, elles tourneront mal”.
C’est l’éternelle histoire de la tartine beurrée…
De ces lois, les artistes vont alors décliner de nombreux exemples, toujours en gravité et humour léger, à l’image de leurs uniformes kaki mais joliment décorés de fleurs colorées. Alors que les spectateurs sont invités à une “séance de décontraction collective”, les lois s’égrènent pour les mettre en garde. Ainsi la première, “la Loi fondamentale : celle de la tartine beurrée qui tombe toujours du mauvais côté. …
Pessimiste, tout ça. Et pourtant, tout le monde rit. Et rit encore, lorsque les volontaires du public sont conviés à venir vérifier la loi de la tartine beurrée qui finalement, ne tombe pas toujours du mauvais côté. Murphy se serait-il trompé ? “Non, prévient la troupe : cela s’explique : en effet, les lois de Murphy se vérifient toujours … sauf quand on cherche à les vérifier !”
C’est imparable. Et ça fait rire encore, des spectateurs qui du coup sont invités à suivre un principe de précaution ou “conception de sûreté”. Car de tous les coins et recoins de l’esplanade de la Paix, un danger peut survenir : des fourrés qui remuent de façon inquiétante, une dispute dans un appartement et une assiette qui vole par la fenêtre… Voilà ces spectateurs alors pris dans une zone de sécurité, qu’ils ne quitteront qu’après s’être entraîné à crier “Au secours”, tous ensemble. Qu’après, aussi des rires rassurés et des applaudissements fournis.

voir la présentation du spectacle

VENGEANCE TARDIVE (VARIATIONS)

La Provence 2, le 1er février 2007

Catherine Marnas et Jacques Rebotier poursuivent avec une allégresse communicative leur « Vengeance tardive ».
En voilà deux qui ne se sont pas loupés : le poète et musicien expert en « chant très obscur de la langue » - titre d’un de ses nombreux recueils - , et la metteuse en scène décidément de plus en plus libre, audacieuse, inspirée et percutante.
Passez un 33 tour en 78 : ça donnera une petite idée de ce spectacle « furieux », agité par cinq comédiens « soufflants ». comme sortis de la bande des Deschiens ou du côté de Jacques Tati, mais qui joueraient en accéléré !
« Je suis venu, j’ai tout vu, j’ai rien pu » : exemple entre mille de détournement d’une parole agissante.
Agissante, parce que, même si on rit à tout moment, le propos de la bande n’est pas seulement poétique et comique. Il est très concrètement un jeu de massacre contre l’omnipotence obscène des médias : Même « Le Monde » en prend plein le bec ! Quant au monde que nous (dé)faisons … !

Danièle Carraz

voir la présentation du spectacle

Le césar, le 1er février 2007

Le spectacle de la Compagnie Parnas est salutaire et désespérant. Salutaire parce qu’il est une tentative de révolte contre l’abrutissement télévisuel, désespérant parce que la situation s’est énormément aggravée en 12 ans, depuis que le texte de Rebotier, Vengeance tardive, a été publié. … Mais la mise en perspective des saynètes démontées avec des coupures de journaux sur les exécutions argentines ou le pragmatisme économique des patrons fait mouche : le spectacle zappe, secoue nos serfs avec ses descriptions d’actus, fait rire avec ses insultes, ses incongruités, ses caricatures mimées de pub. Et le spectateur en sort révolté contre sa propre capacité à ingérer passivement, comme un ours sur un canapé, les non-sens qui lui cachent la réalité brutale du monde.

Agnès Freschel

voir la présentation du spectacle

Revue-spectacle.com, le 23 janvier 2007

… Le spectacle est étonnant à plus d’un tire. Il est ironique, drôle, et parfaitement lucide, ce qui est assez inquiétant. La mise en scène est pleine d’invention et de vitalité dans une succession de tableaux dirigés par un homme orchestre à l’apparence étrange avec sa jupe de derviche et sa coiffe de bonne sœur. Le texte de Jacques Rebotier utilise à merveille la cacophonie des langues dans leur traduction approximative et les comédiens s’amusent beaucoup de souligner l’aspect caricatural de l’homotélévisuel. Des musiques genre musique de film accompagnent le propos, une sorte de ponctuation sidérale qui colore et anime émotionnellement des personnages baudruches, tellement vides et tellement ressemblants. Inquiétant je vous dis ! »

Claude Fraif

voir la présentation du spectacle

HAMLET, OU LES SUITES DE LA PIÉTÉ FILIALE

Zibeline N°5, L.P., le 21 février 2008

« …Franck Manzoni navigue habilement sur les flots de sa langue (langue de Laforgue). Mieux il réussit le tour de force de ne pas s’écarter d’un pouce de son propos, tout en le chevauchant avec la plus grande des libertés. Laforgue ayant été si peu filial avec le grand William, il s’autorise à rajouter, ici et là, des textes nés d’un travail d’improvisation entrepris avec se comédiens.… C’est en confiant le personnage d’Hamlet à ses trois acteurs plutôt qu’à un seul que Franck Manzoni mène sa charge, tout à la fois irrévérencieuse et affectueuse. Dopé par ce parti pris, le texte rutile de toute sa complexité… »

voir la présentation du spectacle

Le Dauphiné Libéré, le 17 janvier 2008

Déroutant. Loufoque. Drôle et pourtant tragique. Les adjectifs ne manquent pas pour qualifier Hamlet ou les suites de la piété filiale … En tout ils sont trois acteurs sur scène à s’interchanger les rôles au fil de la pièce. Tous jouent Hamlet, mais aussi les autres personnages. Malgré ce mélange vient le côté sérieux. Des moments où le texte de Shakespeare resurgit, mélangé à des mots beaucoup plus contemporains, certains tirés des œuvres de Laforgue, Kakaré, Joyce, Müller ou écrits par les acteurs eux-mêmes. Parfois les mots s’inversent, faisant naître une nouvelle langue. …

voir la présentation du spectacle

Zibeline N°3, le 15 décembre 2007

… Franck Manzoni est l’un des fidèles comédiens de Catherine Marnas. Il fait aujourd’hui ses premières armes en tant que metteur en scène. Grâce au compagnonnage de la compagnie Parnas mais aussi grâce au soutien de la scène nationale de Gap qui, du haut de sa montagne, n’oublie jamais de s’engager pour une création contemporaine. …

voir la présentation du spectacle

LILITH OU DE L'INCONVÉNIENT POUR SA RÉPUTATION DE REFUSER LA POSITION DU MISSIONNAIRE

Zibeline, le 15 novembre 2007

« C’est en voyant des spectacles comme Lilith que l’on comprend pourquoi on dit que les comédiens jouent… comme des enfants ils inventent des mondes, et se saisissent du jeu comme des musiciens font naître un univers sonore.
Il y a du plaisir là-dedans, celui de transformer la matière en le montrant, et en y invitant le public rendu complice. Le travail des comédiens de la compagnie Parnas est sans cesse épatant : il s’agit pour eux de se mettre à table, de commencer à lire un texte, de la ponctuer d’interventions en chœur ou en solo, en rythme ou en gestes, toujours ironiques. Puis peu à peu, insensiblement, d’incarner l’histoire qu’ils racontent, de se lever, de la jouer, en la ponctuant toujours de clins d’œil, d’appels au public, et d’ironie encore. Le spectacle est réglé comme du papier à musique justement : une partition à jouer au tempo, dans toutes des nuances, les ruptures de ton. … 
C’est justement ce rapport au sexe que le spectacle explore, ou comment da domination masculine passe aujourd’hui non par une répression de la sexualité, mais par une réduction de la femme à son sexe. À travers un texte de Bataille, une vidéo et une transformation des comédiens en objets excitants, le spectacle démontre combien l’érotisation du corps des femmes les ravale et les humilie. On permet ainsi à Lilith d’exister, et aux femmes d’aime le sexe. Mais pas de parler, de penser, d’être égales… »

Agnès Fréchel

voir la présentation du spectacle

La Provence Martigues, le 25 octobre 2007

Lilith ou l’inconvénient pour sa réputation de refuser la position du missionnaire (tout un programme !) a été construite sur un mythe : celui de Lilith, la première femme, celle qui fut détrônée par Ève. Plus particulièrement à la Lilith de Rémy de Gourmont et de « sa vision réductrice de la femme avec un sexe à la place du cerveau » dira Catherine Marnas, metteur en scène, à l’issue de la représentation.

voir la présentation du spectacle

Zibeline, le 11 octobre 2007

Cette création de la Compagne Parnas commence comme une lecture, puis procède à un dynamitage systématique des textes misogynes de Rémy de Gourmont, Primo Levi, Marcel Schwob… La figure de la « vraie » première femme, Lilith, apparaît dans des textes hébreux, à partir d’une contradiction de la Genèse, dans laquelle la femme est créée deux fois. La « première première femme est fabriquée non pas à partir de le côte d’Adam mais avec le l’argile comme lui, en même temps son égale. Puis elle est chassée du Paradis pour avoir revendiqué l’égalité sexuelle et refusé la « position du missionnaire » ! Transformée en démon, en succube par la littérature romantique et les auteurs du 20ème siècle, elle reste emblématique du rejet du plaisir sexuel féminin, assimilé à une revendication démoniaque par nos auteurs les plus établis…

Agnès Fréchel

voir la présentation du spectacle

SAINTE JEANNE DES ABATTOIRS

Marseille l’Hebdo, le 14 mars 2007

Dans la grande tradition de Jean Vilar, la compagnie revendique un théâtre « populaire » et « élitaire pour tous », qui crée un lien avec un public qu’il ne toucherait pas forcément. « Ces choeurs étaient essentiels pour moi, explique Catherine Marnas. Je ne cherchais pas des figurants pour faire foule, je voulais vraiment partage le plateau, instaurer une perméabilité entre nous et le public. C’est ma théorie des cercles concentriques : le premier formé par les comédiens permanents de la compagnie, le second par les comédiens recrutés pour la création, le troisième par les chœurs amateurs, et le quatrième par le public ». …
Un théâtre cinglant et sanglant, à l’opposé de la réputation didactique, froide et cérébrale de Brecht, qui serait réglé comme une démonstration mathématique : « Pour moi c’est l’inverse. J’y vois un combat entre deux figures, Maule et Jeanne, plongés dans l’arène. J’aime particulièrement cette pièce parce que la « barbaque », métaphore du monde ouvrier, est au centre. Je me suis inspirée des toiles de Francis Bacon pour le décor, je voulais quelque chose de cru et de violent. »
Est-ce l’expérience de la mise en scène d’opéra ? Dans cette nouvelle création on retrouve la patte Marnas : son goût pour la parabole et la fable, son savoir-faire scénographique -presque chorégraphique- à diriger du monde sur le plateau …

voir la présentation du spectacle

Le Monde, le 14 octobre 2006

Cette mise en scène énergique et lisible tire le meilleur de la pièce, en mettant en lumière sans démagogie ses résonances actuelles : notamment sur la religion, et la manière dont celle-ci quelle qu’elle soit- récupère la misère humaine à son profit, aux dépens du combat politique.…

Fabienne Farge

voir la présentation du spectacle

Théâtre on line, le 29 septembre 2006

… la mise en scène de Catherine Marnas , d’une intelligence également fine et inventive dans l’usage de la distanciation, bouscule le texte et lui rend sa force politique corrosive. …
Vous avez dit distanciation ? Franck Manzoni, en narrateur omniscient, vient présenter (avec des manières toutes télévisuelles) l’entrée des personnages, commenter l’action, signaler la coupe d’une scène, accélérer le tempo d’une démonstration. Vous avez dit distance de l’acteur au personnage ? Dans les principaux rôles, à la fois singularités irréductibles et produits d’un système, Mauler (Julien Duval) et Jeanne (Claire Théodoly) déjouent toutes les attentes. Lui, machiavélique en diable, amis dans un genre inédit… tient sa capacité de nuisance d’un équilibre étrange de force et de ruse. Elle, dans un registre qui va de la naïveté grossière à la conviction dévastatrice, court au contraire après le sens du vent sans jamais le saisir, abandonnat la posture christique pour sombrer dans le tragique. Les deux comédiens apportent à leurs personnages un charme juvénile, une légèreté décalée, en un mot une séduction qui leur assure une stature à la fois démesurée et dérisoire.
Mais la distanciation prend surtout sens dans un travail collectif d’ampleur qui voit, sur scène, les différents éléments (comédiens professionnels et chœurs d’amateurs, scénographie et mise en scène, chant et diction) entrer dans une réelle synergie. La scénographie dispose les personnages dans un rapport de hiérarchie spatiale : en haut , sur leur passerelle métallique ressemblants à une scène de concert, les entrepreneurs, accrochés à leurs micros, se disputent sur les contrats, achètent, vendent et spéculent dans une atmosphère surchauffée ; en bas, engoncés dans leurs blouse, les ouvriers apparaissent par transparence, rampent ou errent désoeuvrés, se battent ou gèlent sous la neige… Dans l’entre deux, apparaît et disparaît la nuée des Chapeaux Noirs qui tente maladroitement de s’attirer les grâces des deux partis, entre chansons caricaturales et sermons pieux et intéressés. De tableau en tableau, ce jeu de forces évolue … mais sans jamais bouleverser l’équilibre foncier qui voir les plus riches s’appuyer sur le besoin du très grand nombre des pauvres pour se maintenir en haut. Tout renversement relèverait dans ce contexte de l’utopie. Le spectacle lacère furieusement cette utopie, jusque dans la démesure néo-stalinienne ironique du tableau final, pour renvoyer le spectateur à ses responsabilités réelles. Que faire ici et maintenant ?

David Larre

voir la présentation du spectacle

Libération, le 27 septembre 2006

La metteure en scène Catherine Marnas prend la fable de Brecht au corps … son spectacle rassemble, autour de dix comédiens professionnels, un chœur d’une vingtaine d’amateurs. Energique et généreux, il veille à ne laisser personne en rade. Direct et non schématique, nourri de conviction et de sueur, il rend hommage au foisonnement épique, mais aussi çà la lucidité d’un auteur capable de monter comme personne le couple infernal et moderne que forment capitalisme sauvage et intégrisme religieux.

René Solis

voir la présentation du spectacle

La Terrasse, septembre 2006

Théâtre du décentrement et concentré de talents

Les modernes thuriféraires du libéralisme omnipotent pourraient sans doute trouver Brecht caricatural et la lutte des classes un combat d’arrière-garde pour nostalgiques dépassés par l’évidence de la cruelle nécessité du marché. Pourtant, la façon dont Marnas, rétive aux solutions faciles, dépoussière et actualise le propos résonne comme la clameur ressuscitée et grondant de la résistance à l’exploitation. Justement en se gardant de toute caricature. Non seulement dans le traitement des personnages puisque Mauler, diable angélique, a les traits lucifériens de Julien Duval et que Jeanne est campée par Claire Théodoly, à la beauté d’une Iphigénie au bûcher, mais aussi dans les partis pris de mise en scène qui jouent en certains tableaux des lieux communs esthétiques du réalisme socialiste et en d’autres des habitudes représentatives de la modernité médiatique. Une évidente volonté de distanciation intelligente, comprise et modernisée fait de mise en scène une brillante critique des apories des deux systèmes politiques ainsi incarnés, avec un soucis dialectique d’une rare efficacité scénique. Les comédiens, tous excellents, sont entourés par les chœurs d’amateurs qui ont travaillé pour l’occasion avec Catherine Marnas et sa troupe, et l’ensemble est orchestré par Franc Manzoni éblouissant de justesse et de talent en narrateur de l’intrigue.Menés de mains de maître, les différents acteurs de cette fresque bouillonnante réussissent à parfaitement en équilibrer les effets. De la musique et des lumières aux costumes, du son à la scénographie et aux images, tout concourt à réaliser un spectacle éminemment réussi.

Catherine Robert

voir la présentation du spectacle

LA PERDRIX MÂLE ET LA PERDRIX FEMELLE

Cambodge Soir Hebdo, le 3 octobre 2008

Briefing sur la scène du théâtre Chenla. La troupe, assise en cercle sur l’estrade, écoute Catherine Marnas. La metteuse en scène précise ce qu’elle attend de ses acteurs. Elle s’accompagne de gestes, fait chanter l’un, attend que le traducteur ait terminé pour continuer. Dans le cercle, six comédiens khmers, recrutés lors d’un atelier qu’elle a animé un mois auparavant, l’écoutent attentivement.

À la demande du Centre Culturel Français, pour son festival de théâtre Lakhaon, la metteuse en scène vient de monter, avec son équipe, en un mois et demi, un spectacle à partir d’une légende khmère. Une trame dont Catherine Marna a réécrit la fin, changé le début, intégré des histoires occidentales. "J’ai dû déconstruire les représentations que les acteurs avaient de ce conte", explique-t-elle. "Cela les a un peu déconcertés". Depuis les gradins, elle invite ses acteurs à se concentrer. Les cheveux blonds en chignon planté de baguettes, Catherine Marnas est souriante, rigoureuse sûremement, compréhensive certainement.

Une metteuse en scène "tout terrain"

Catherine Marnas bouillonne d’idées, puisant partout son inspiration nécessaire à ses créations. "L’important est de pouvoir démocratiser mon art et de faire converger les cultures. J’aime me confronter aux différences culturelles". Elle a travaillé au Mexique, au Brésil, en Chine et cette fois, au Cambodge. Pour Alain Arnaudet, le directeur du CCF, cela ne fait aucun doute : "Elle sait s’adapter, les conditions de travail ne sont pas les mêmes qu’en France, elle est réellement "tout terrain".

Du Cambodge, Catherine Marnas se confronte à la notion de temps : "Dans la civilisation occidentale, l’humain veut maîtriser la nature, le temps, il est toujours en lutte. Ici la philosophie de vie est basée sur une vraie harmonie. Mon travail s’en ressent déjà. Je suis connue en France pour être une metteuse en scène "punchy". Mais ce spectacle est plus doux, plus lent que ma dernière pièce".

Également enseignante, Catherine Marnas est sensible à la dimension formatrice du projet. "Alain Arnaudet et Borin Khor (responsable du service culturel du CCF) ont une vraie réflexion sur ce qui pourrait être utile au Cambodge, pour la rencontre soit fructueuse d’un point de vue pédagogique", explique-t-elle. Les acteurs semblent également apprécier l’échange, la rencontre, et sous l’impulsion du CCF, envisagent une tournée dans le royaume.

Marie Jansana

voir la présentation du spectacle

LE RETOUR AU DÉSERT

Zibeline, le 20 novembre 2008

Depuis longtemps (toujours) Catherine Marnas met en scène des personnages dédoublés, qui assument à plusieurs, en même temps, un rôle. Dans Retour au désert le procédé atteint son paroxysme : les personnages sont systématiquement doublés, suivis, contredits, mimés, caricaturés, explicités, appuyés par leur double, ombres omniprésentes dont ils semblent tirer leur force. Et de surcroît ces ombres sont Brésiliennes, parlant une autre langue...

Ce partage du texte, loin d’encombrer le propos, l’illumine : dans Retour au désert il est question de pays étranger, de relations binaires entre une mère et sa fille, une sœur et son frère, un garçon et son cousin, un serviteur arabe et son jeune patron. L’altérité, en jeu dans la langue de la pièce, brutale et châtiée, comique et violente, est ici projeté sur la scène, tandis que la fracture avec l’étranger semble se jouer au cœur de l’individuation, comme si chacun parlait tout à la fois deux langues labiles : les langues s’échangent, se reprennent, s’écrivent sur les murs, varient dans une remarquable fluidité, une complexité où tout, toujours demeure compréhensible, pendant plus de deux heures de bilinguisme, avec un zeste d’arabe par-dessus, et des incursions fantasmatiques.

L’enjeu de la pièce s’éclaire alors : la maison dont la sœur et le frère se disputent la propriété, l’héritage, n’est pas seulement une métaphore de l’Algérie ou de la France coloniale. Elle est, plus universellement, celle de la langue. C’est à dire du fondement même du théâtre de Koltès, qui parle beaucoup mais dont le sens se dissimule derrière les mots qui sont dits. Comme ces corps doubles qui fabriquent des personnages par l’espace qui les sépare. Les comédiens de la Cie Parnas sont comme toujours formidables. Les Brésiliens sont épatants, la scénographie mouvante efficace et belle : le spectacle a triomphé à Gap, et au Théâtre de la Ville. Bientôt à Marseille, qi subventionne une Cie qu’elle voit décidément trop peu ?

Agnès Freschel

voir la présentation du spectacle

Libération, le 5 novembre 2008

Mathilde est revenue. Il est probable que Bernard-Marie Koltès a eu Brel dans la tête au moment d’écrire le Retour au désert, son avant-dernière pièce. Mathilde est revenue à Metz, dans la maison familiale où habite Adrien, son frère. Elle arrive d’Algérie, avec ses valises et ses deux enfants. Elle a cru quitter la guerre mais la guerre ne l’a pas quittée. Dès la première scène, les hostilités sont déclenchées entre elle et son frère. La cohabitation va se révéler plus que chaotique.

Drôle de pièce : Koltès l’avait écrite spécialement pour Jacqueline Maillan et Michel Piccoli. Pour eux, il était revenu à un théâtre de facture apparemment classique, un vaudeville dans une maison bourgeoise avec règlements de compte en famille et domestiques écoutant aux portes qui claquent.

Lors de la création de la pièce en 1988 au théâtre du Rond-Point à Paris, si la confrontation entre Maillan et Piccoli tenait à peu près ses promesses, la mise en scène de Patrice Chéreau semblait empesée, comme si lui-même doutait de la portée d’un texte aux enjeux confus. C’est que le conflit ne concerne pas seulement les personnages, mais l’écriture elle-même. Dans la maison d’Adrien et Mathilde, Koltès rapatrie des thèmes qui lui sont chers : le rapport de forces, la peur, l’engrenage de la violence, la fascination de l’étranger.

Haine de l’autre. Si les personnages se déchirent entre eux, c’est qu’ils sont aussi déchirés de l’intérieur par le désir ou la haine de l’autre. Mathilde revient d’Algérie avec une fille, née d’un père arabe, qu’elle a appelée Fatima ; à la Libération, elle avait été tondue parce que soupçonnée d’être sortie avec des Allemands. Adrien, le chef d’entreprise, semble dégoûté du monde et de lui-même, et tente d’empêcher son fils de quitter la maison.

La pièce oscille entre réalisme historique (les notables proches de l’OAS qui font sauter un café arabe) et lyrisme fantastico-énigmatique : un grand parachutiste noir surgit de nulle part pour faire l’éloge des colonies ; le fantôme de la première femme d’Adrien se promène dans le jardin ; le fils d’Adrien s’envole. Tantôt triviale, tantôt châtiée (Koltès avait le goût de la rhétorique classique), toujours en déséquilibre entre deux registres, la langue est encore déstabilisée par les interventions en arabe d’Aziz, le domestique de la maison.

Grand jeu. De cette cacophonie, la mise en scène de Catherine Marnas - qui est depuis plus de dix ans artiste associée au théâtre de Gap - fait son miel. Elle commence par l’accentuer. Son Retour au désert est donné en version franco-brésilienne. La pièce a d’abord été montée à São Paulo et les principaux rôles sont doublés : il y a deux Mathilde, deux Adrien, etc., joués par des duos d’acteurs franco-brésiliens. Complices ou comparses, ils se répartissent répliques et situations. Parfois, l’un traduit ce que l’autre vient de dire, d’autres fois pas - il y a des surtitres. A certains moments les acteurs brésiliens se mettent soudain à parler français, et les acteurs français, portugais. Français ou brésilien, Aziz parle aussi arabe.

On s’y perd pendant cinq minutes, puis on s’en amuse beaucoup et ce Retour au désert devient alors un grand jeu, un chaos souriant et remarquablement maîtrisé - presque trop par moments - qui rend justice à la portée comique de la pièce mais aussi à sa dimension tragique.

« J’ai choisi, explique Catherine Marnas, de sortir la pièce de son contexte franco-français, de la déraciner pour entendre de manière évidente sa force métaphorique. » Elle peut compter sur l’homogénéité d’une troupe où chacun est en permanence à l’écoute de l’autre, ce qui n’est pas la plus mauvaise façon de rendre hommage à Koltès.

voir la présentation du spectacle

Folha de São Paulo, le 19 juillet 2008

Destaque no 8° Festival Internacional de São José do Rio Preto é uma espécie de anúncio do Ano da França no Brasil, « O Retorno ao Deserto », de Bernard Marie Koltès, pela Compagnie Dramatique Parnas, dá mostras de uma nova postura nas relações culturais entre Brasil e Europa , ou o « aqui » e o « lá fora »,como costuma dizer nossa claustrofobia neocolonialista.
Dirigida por Catherine Marnas, o projeto rompe com a tradição catequética das luzes sobre a floresta tropical , que desde Louis Jouvet até Peter Brook alimenta uma expectativa de aprendizagem com os mestres estrangeiros.
Discípula de Antoine Vitez, Marnas busca um teatro atento em reverberar o contemporâneo , o popular e o mutinacional, mais do que promover uma cartilha de franceses consangrados.
(…)
Inspirado talvez pelo conceito « artaudiano » do duplo, a maiora dos personagens é desobrada em dois , cada um falando seu idioma. (…)
Não se imagine aqui franceses soprando seu espirito para corpos brasileiros. Se , na dupla de Mathieu , Davi Rosa tem um desempenho carismaticamente caricatural nuançado pelo melancólico Julien Duval, Gustavo Trestini e Olivier Pauls compartilham a mesma visceralidade. Para Mathilde, é Bénédicte Simon que fixa uma máscara de escárnio atenuada pela sutil elegância de Sandra Corveloni ( que recentemente em Cannes ajudou a desfazer as fronteiras anacrônicas entre o aqui e o lá fora) .
Assim, o tema de desenraizamento , das falsas armadilhas da herança contra o estrangeiro , universaliza-se pela leitura franco-brasileira.

Sérgio Sálvia Coelho

voir la présentation du spectacle

Textura edição 7, o informativo do FIT, le 15 juillet 2008

A diretora Catherine Marnas entendeu a aprofundou o (esse) sentido da obra de Koltès , por meio de coros de Mathilde e de Adrien , por meio do bilinguismo da encenação, em que as réplicas são faladas em português e em francês por atores franceses e brasileiros, extraindo-se daí também uma produção excedente de sentido. Tudo se constrói como multiplicidade litigante, como diferença tensionada na encenação. As lutas travadas entre Adrien e Mathilde, por meio da estrutura coral e do bilingüismo , se desmembram enormemente em inúmeras associações com o horizonte cultural e histórico de presente. O cenário concebido por Carlos Calvo e formado por estrutura verticais de madeira constrói a monumentalidade da casa e de seus muros belamente. Do mesmo modo, a visão que se tem desde o jardim, dos cômodos iluminados no interior da casa à noite é não só de grande eficiência, mas logra efeito visual de intensa força poética, conjugando a criação cenográfica e a iluminação de Michel Theuil.

Vemos,na peça,lutas atrozes,que passam,na encenação,por vários registros,indo do confronto dramático à grandiosidade operística,da comédia pastelão às cenas intimistas e mesmo sussuradas, como naquela, de beleza ímpar, em que vemos, com baixa intensidade de luz, o empregado da casa,na companhia de Edouard e Mathieu, filhos de Mathilde e da Adrien, a noite, na mesa de um bar árabe poucos minutos antes de o recinto vir a explodir, em decorrência da intolerância com o outro e a diferencia. Mas é curioso notar que compartilham o poder e que lutam entre si pelo seu contrôle mantêm o mesmo deprezo pelo outro, sejam esse outro a criança e o jovem, sejam os homens e mulheres do terceiro mundo. Deprezo esse que se patenteia nas atitudes de ambos os protagonistas (Mathilde e Adrien) em relação tanto aos argelinos e africanos de modo geral, quanto aos domésticos árabes que servem aos patrões franceses. Os altos muros que cercam a casa encerraram Mathieu, filho de Adrien , em seu interior, ao longo dos muitos anos em que Mathilde viveu na Argélia. Os muros são como a cerca de arame enfarpado que, na peça Combate de Negros e de Cães, separa o canteiro de obra de empresa francesa na África, segregando-o em relação à savana , aos animais e aos homens africanos,vistos pelos franceses ora como animais, ora como selvagens. Adrien, em « Retorno ao Deserto »,diz para o filho,enquanto o impede de realizar o desejo de sair de casa, que do outro lado do muro é a selva. Essas cercas , esses muros de algumas peças de Koltès ganham, em encenações realizadas na década atual, uma sobrecarga excepcionalmente forte de sentido em associaçao com o aumento radical das legislaçoes e das práticas policiais que protegem os paises europeus frente as massas de immigrantes pobres, que se voltam para os países mais ricos em busca de melhores esperanças de vida . A encenação de « Retorno ao Deserto » no múltiplo dos seus coros e nos desempenhos individuais , na vociferação litigante e no segredo do sussurro, no bilingüismo com que se estrutura, na grandiosidade do dispositivo cênico e na simplicidade por que se pauta o todo, acaba por aprofundar a poética radical e a dimensão política de que o dramaturgo francês precocemente falecido dotou seus textos teatrais.

José Da Costa

voir la présentation du spectacle

Culturesfrance, N°5, mai 2008

Dans le cadre du programme « Théâtre sur mesure » de Culturesfrance, Catherine Marnas met en scène au mois de juillet le Retour au désert de Koltès au festival de São Jose de Rio Preto et au Sesc de São Paulo. Après des adaptations d’Eva Peron à Mexico, de J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne à Sitges (Espagne) ou de Dom Juan à Pékin, elle poursuit donc la création d’œuvres théâtrales françaises à l’étranger en impliquant des acteurs locaux. L’histoire franco-algérienne du Retour au désert est transposée dans le contexte brésilien, un « théâtre sur mesure » qui permet de souligner le caractère universel de la pièce. Celle-ci sera présentée à l’automne au Théâtre de la Ville à Paris, puis de nouveau au Brésil en 2009 dans le cadre de l’Année de la France. …

voir la présentation du spectacle

Entrevista Metropolis,

Extrait vidéo Entrevista Métropolis

voir la présentation du spectacle

LA JEUNE FILLE AUX MAINS D'ARGENT

Nice-Matin, le 5 novembre 2007

Magique, poétique, impertinent, drôle et luxuriant. Le conte musical La jeune fille aux mains d’argent a marqué le festival des P’tits Cannes à you au théâtre de la Licorne. Un spectacle enchanté et intelligent qui plaçait très haut la barre du respect de ses jeunes spectateurs, dans son ambition de traiter un sujet de légende : le mythe faustien du pacte avec le diable. (...) Un spectacle label "Made in Cannes" d’une grande qualité, les frissons délicieux et les émotions du théâtre total et vivant dans l’univers des enfants.

Aurore Busser

voir la présentation du spectacle

César, juillet 2006

Si le conte musical, La jeune fille aux mains d’argent, mis en scène par Catherine Marnas, fascine autant qu’il créé un malaise, c’est du fait de l’étrange musique composée par Raoul Lay. Elle s’intègre subtilement au récit. L’ensemble Télémaque distille de fines polyphonies dissonantes, des pulsations rageuses, des références en clins d’œil avec un dosage étroit... et le chœur, à l’antique, commente l’action. Éblouissant !

Jacques Freschel

voir la présentation du spectacle

La Provence, le 9 juin 2006

Présent pendant chaque seconde de ce spectacle d’heure et quart, le comédien, Franck Manzoni, est magnétique. Réussissant l’exploit de s’effacer derrière les marionnettes quand il faut ou de faire danser les diable sur la musique fine et suggestive de Raoul Lay. Point de temps mort dans cette Jeune fille. Les plus jeunes goûteront la magie qui émane du conte. Leurs parents apprécieront, en plus, le cynisme du texte de Py.

Coralie Bonnefoy

voir la présentation du spectacle

La Marseillaise, le 9 juin 2006

(...) Si les enfants entrent aussi facilement dans cet univers, c’est bien entendu parce que l’histoire, cruelle et presque cynique convoque tous les sentiments humains, de la haine, à l’amour en passant par la compassion ou le courage. C’est aussi grâce à la musique, (...) qui laisse toutes les portes ouvertes à leurs imaginaires.
Mais, indéniablement, le charisme et l’énergie du polymorphe Franck Manzoni est la pièce maîtresse de la réussite du spectacle.

Denis Bonneville

voir la présentation du spectacle

Le Dauphiné, le 28 janvier 2006

Les marionnettes sont prodigieuses et le comédien qui les anime aussi, le diable est démoniaque et nous réserve bien des surprises spectaculaires. Le conte et la musique nous entraînent dans cette magnifique aventure, pour le plus grand plaisir des plus jeunes aux plus âgés.

voir la présentation du spectacle

LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS

Le Tadorne, le 24 novembre 2009

Au bout des pistes d’Orly, l’exceptionnel envol de Iljir Sélimoski

Ce fut une belle rencontre, celle qui jalonne le parcours du spectateur en quête de sens. C’était en avril 2007, au Théâtre des Salins de Martigues. Dès 2005, Iljir Sélimoski, « né au bout des pistes d’Orly », a partagé devant les passants, à la gare d’Uzès, dans les rues de Paris, le texte de Bernard – Marie Koltès, « La nuit juste avant les forêts ». L’homme y évoque son univers de banlieue et sa quête d’amour. Pour passer de la rue au théâtre, Iljir a rencontré le regard bienveillant de Jean-Louis Trintignant le recommandant auprès d’Annette Breuil, directrice des Salins, qui lui choisit la metteuse en scène Catherine Marnas. À eux quatre, ils formèrent une jolie chaîne qui permit pendant deux années de métamorphoser Iljir en comédien. Habité par le texte de Koltès, il devra dorénavant faire de la scène son décor imaginaire. Au final, le résultat est prodigieux
Il est là, face à nous, marchant sur l’eau au cœur d’un magnifique décor. Nous voilà comme descendus au sous-sol pour nous immerger dans le texte de Koltès, pour approcher la métamorphose de Iljir (l’un est dans l’autre et inversement). Ce double regard est tout de même exceptionnel au théâtre, où l’auteur transforme la vie de l’acteur. Quelle belle métaphore de ce que l’art peut faire ! C’est ainsi que j’écoute le destin de Iljir pour ressentir la puissance de Koltès. De le voir faire ses ronds dans l’eau, de l’entendre décliner ce texte, alors que la vidéo projette notre environnement urbain et nos silhouettes (de spectateurs ?), tout semble fait pour que nous approchions Iljir, là ou la rue nous en éloigne. Catherine Marnas lui donne de la voix, guide son corps au gré des rencontres. Elle l’habite d’amour quand il n’y croit plus ; elle l’ouvre lorsque les murs l’enferment. Elle réussit à ne jamais nous distancer de son histoire comme si elle hésitait à le conduire comme un comédien. C’est alors que la fragilité de la mise en scène est une force et fait de « La nuit juste avant les forêts » un manifeste d’humanité.
Pascal Bély}

voir la présentation du spectacle

L’Indépendant, le 1er février 2009

Comme Koltès a su exprimer la douleur des exclus de ceux qui la subisse sans pouvoir la dire Iljir Sélimoski faisait vivre ces mots. La longue plainte d’un homme, étranger jusqu’à lui-même, titubant aux lisières de la vie, aux frontières des autres. Que cette dérive nocturne ait quelque choses échos avec le vécu et l’histoire familiale de Iljir Sélimoski, peut-être, mais c’est à un grand moment de théâtre que nous assistions, pas assez nombreux malheureusement. La Nuit juste avant les forêts a trouvé l’un de ses plus intenses interprètes.

JMC

voir la présentation du spectacle

La Provence,

Pari gagné pour ce jeune talent mis en scène sobrement et avec goût par Catherine Marnas. Son interprète ressemble terriblement au personnage : avec lui il interroge, il charme aussi. Avec ses longs cheveux noirs, sa « gueule », son regard sombre qui s’illumine à la moindre occasion dans un sourire plus ange que démon, Iljir est un personnage à lui tout seul. Il a surtout cette histoire inscrite en lui, qui le pousse à l’offrir au public : une passion communicative, généreuse, revendiquée par celui dont le prénom signifie « libre ».

Christina Ruocco

voir la présentation du spectacle

La Marseillaise,

Aujourd’hui, quand Iljir Selimoski joue ce « personnage à bout de forces » décrit par Catherine Marnas, qui tente de retenir l’attention de la personne à laquelle il parle, il le fait aussi en se montrant touchant, drôle, il passe par toutes les couleurs, car l’interlocuteur ne parle pas. Faux dialogue et vrai monologue. Le théâtre à l’image de la vie ?

Jean-François Arnichand

voir la présentation du spectacle

Tadorne – lefestivalier.net,

Au final, le résultat est prodigieux. Il est là, face à nous, marchant sur l’eau (magnifique décor). Nous voila immergés dans le texte de Koltès, pour approcher la métamorphose d’Iljir (l’un est dans l’autre et inversement). Ce double regard est tout de même exceptionnel au théâtre, où l’auteur transforme la vie de l’acteur ! Quelle belle métaphore de ce que la culture peut faire. La vidéo projette notre environnement urbain et nos silhouettes (de spectateurs ?), tout semble fait pour que nous approchions Iljir, là où la rue nous en éloigne. Un manifeste d’humanité.

Pascal Bély

voir la présentation du spectacle

Le César,

Iljir Sélimoski, corps perdu dans cette pénombre détrempée, serre les poings, tend les mains, implore, plastronne, grommelle et rend sensible la solitude inacceptable de ceux que la déchéance sociale prive d’existence. Car en empruntant les mots si littéraires de Koltès, il y apporte visiblement quelque chose de sa propre expérience d’étranger en souffrance, qu’il nous oblige enfin à regarder.

Agnès Freschel

voir la présentation du spectacle

Le Midi Libre,

Iljir Sélimoski, incarne ce héros fragile et magnifique, avec douceur ou indignation rentrée. Le texte est une évidence dans sa bouche. Plus que convainquant, il en est imprégné. On aimerait croiser cet aviateur des temps modernes voulant protéger un Petit prince, perdu dans la ville. Quel bonheur de l’entendre !

Muriel Plantier

voir la présentation du spectacle

LE BANQUET FABULATEUR

Zibeline, le 20 décembre 2009

Les étudiants du BTS Design de Communication du Lycée Marie Curie (Marseille) rendent compte de leur soirée avec la Compagnie Parnas...

Accueil aussi chaleureux que surprenant, lustres de cristal, accessoires à vue, hop, nous voici embarqués pour la traversée (trop courte, hélas, on en aurait goûté un peu plus encore !) de quelques délires de notre Espèce Fabulatrice . C’est le texte éponyme de Nancy Huston qui a donné à la Cie Parnas l’idée de ce banquet fabulateur auquel cinq comédiens nous convient avec élégance et fantaisie. Un florilège de grands noms du théâtre (Shakespeare, Tchekhov, Sophocle, Rostand, Racine...) se tisse avec fluidité et en musique. On se réjouit d’écouter se répondre tragédies et comédies dans un festival de répliques célèbres. Le tout servi par une mise en scène atypique qui met en contact le spectateur et l’acteur. Pour ce voyage inspiré du banquet platonicien, nous sommes installés à la même table que les comédiens et partageons avec eux, vin, fruits et discours. Ils sont tous fabuleux aux deux sens du terme ! Leurs mots, leurs gestes et leur jeu, excellent, nous ouvrent les portes d’une fantastique épopée à travers l’imagination car comme le disait Romain Gary, et c’est une phrase qu’ils répètent, "rien n’est humain qui n’aspire à l’imaginaire." Puisque l’homme passe sa vie à la jouer, puisqu’il est un animal fabulateur, autant lui laisser la parole. C’est ce qu’ils ont fait l’autre soir à la Friche, avec talent, et nous les remercions du beau moment de théâtre qu’ils nous ont offert.
Mandy Collurat, Marion Berthier et d’autres étudiantes

voir la présentation du spectacle

La Marseillaise, le 15 décembre 2009

À la Friche Belle de Mai, le "Banquet Fabulateur" fomenté par Catherine Marnas et les siens est une parenthèse enchantée. Une ivresse du verbe et du geste, simplement magique.
(...)
Se posant en héritiers de Platon et de son sümposium- dont on nous rappelle en préambule qu’il signifie littéralement "beuverie en commun"-, mais aussi de Romain Gary ("Rien n’est humain qui n’aspire à l’imaginaire"), un quintet de comédiens, disséminés parmi les 80 convives, autour de cette en "U" et sous une dizaine de lustres, va se lancer dans un concours d’éloquence, de toast en toast. Sur les tables, des carafes de vin rouge (du bon, de Cogolin) et de jus de raisin ; mais l’ivresse va venir d’ailleurs, du verbe, du jeu, du geste, des costumes, des corps ; un festin de langues déliées, pour des regards, sans cesse reliés.
Subtilement, les toasts enchaînés cèdent la place à de véritables "morceaux" de pièces, du Cyrano de Rostand au Platonov de Tchekhov, du Fil à la patte de Feydeau à la Plume d’ange de Nougaro ou la Cantatrice Chauve de Ionesco, parsemés de bribes de Sophocle, Pagnol, Corneille, Claudel... Envoûté, médusé, fasciné, tour à tour amusé par les déboires d’un Cyrano qui peine à imposer sa nasale tirade, hilare au milieu du quatuor mécanique de Feydeau et soudain saisi par un air du Lakmé de Delibes, suspendu à une Llorona ibérique ou la larme à l’œil face à Anna Petrovna (magnifique Maud Narboni), le public n’en perd pas une miette ; c’est tout simplement une déclaration d’amour au théâtre et à la vie que ces instants partagés- et quelques confidences intimes susurrées à l’oreille - provoquent dans les têtes et dans les cœurs des convives.
Unique, jusqu’au final, exécuté par l’impressionnant Julien Duval qui, sans mots ni accessoires, enchaîne les hommages à quelques dizaines de sculptures, peintures et photographies, du Penseur à la Joconde. À l’heure des quêtes démagogiques d’identités nationales soi-disant perdues et de la glaciation des budgets culturels, cette démonstration est un chaleureux, salutaire et éclatant rappel de la nécessité de l’art pour l’humanité et la communauté.
Denis Bonneville

voir la présentation du spectacle

La Provence, le 14 décembre 2009

La Cie Parnas fait un éloge à l’imaginaire, jusqu’à samedi à La Friche Belle de Mai
"Banquet Fabulateur", le théâtre en partage
On entre par cinq, dans une salle Seita plongée dans l’obscurité. Une femme à la chevelure rousse glissée dans une robe de velours nous attend, une lanterne à la main. Elle nous invite alors à rejoindre la table dressée sous des lustres anciens à pampilles. Et nous propose de nous servir en vin rouge ou en jus de raisin. L’on se regarde alors, entre inconnus amusés, rassemblés là, à côté de cet homme au visage ensanglanté ou de cette belle brune dans sa toilette orange. Puis, une voix s’élève et nous donne la teneur de ce rendez-vous nocturne. Tout part donc du banquet de Platon : le mot grec "Sümposium" traduit par le mot "banquet" signifie littéralement "beuverie en commun". Mais il ne sera pas question d’ivresse ce soir-là. Plutôt d’exaltation, de célébration, "un concours d’éloquence, une quête de savoirs". Ensemble, dans les vapeurs du vin, nous allons porter des toasts à l’imaginaire. Enfin, eux, ces hôtes costumés au regard brillant. Un par un, ils vont se lever, le verre à la main, et déclamer des vers, de la prose, citer des éclats de textes, sous forme d’allocutions, de chants et de saynètes, voire de joutes verbales. Les auteurs et les époques se bousculent (Cyrano de Bergera, Faust, Sophocle, Shakespeare, Tchekhov...) ; les écritures se croisent ; les destins s’entrelacent ; le rire côtoie les pleurs ; le vaudeville, le pantomime ; la farce, la tragédie. Et la représentation classique vole en éclats. On boit alors les paroles de ces comédiens qui jubilent. On savoure avec eux le plaisir de jouer. On goûte au théâtre avec délectation. "Rien n’est humain qui n’aspire à l’imaginaire", écrivait Romain Gary. Avec ce Banquet fabulateur, on touche à l’essence même de notre espèce : l’appétence à se divertir. Tout simplement.

Annnabelle Kempff

voir la présentation du spectacle

Eteignez vos portables !, le 7 décembre 2009

Autour du Banquet Fabulateur, Écouter les interviews de Catherine Marnas et Édith Traverso (costumière) dans l’émission "Éteignez les portables", chronique danse et théâtre par Louis Badie, le 2ème lundi du mois à 11h

voir la présentation du spectacle

Zibeline, le 16 avril 2009

Le théâtre s’invite au Banquet
"En ces temps de "glaciation" faire l’éloge de l’imagination, c’est plus que jamais rendre hommage au théâtre" écrit Catherine Marnas, qui sait ce que théâtre veut dire : on se souvient de Sainte Jeanne des abattoirs ou de La Jeune fille aux mains d’argent... Une fois encore avec Le Banquet fabulateur, elle écrit une partition sur mesure pour les acteurs qui endossent avec une aisance spectaculaire les habits de la tragédie comme ceux de la farce, du vaudeville et de la pantomime. Le public se délecte qui, invité à la table du banquet, accepte de participer à cette "beuverie en commun"... Hommage donc au théâtre avec une mise en espace très contraignante dont les acteurs se jouent, et hommage aux textes à travers une succession de saynètes entrecoupées de toasts enjoués.
Catherine Marnas invoque tour à tour Platon (incontournable ici), Shakespeare, Romain Gary, Feydeau, Tchekov..., fait virevolter les tirades d’un bout à l’autre de la table, entremêle les destins, bouscule les codes de la représentation laissant à vue cour et jardin. La metteur en scène aime les acteurs et ils le lui rendent bien : Le Banquet fabulateur est une leçon de théâtre, un concours d’éloquence, un festin de plaisanteries et de bons mots, un feu d’artifice de tirades où l’absurde côtoie le tragique, l’animalité l’humain, la comédie le mouvement, le rire et le cri. Tout le théâtre est là, au plus près du public, avec ses artifices et ses déguisements, ses illusions, sa vérité.

Marie Godfrin-Guidicelli

voir la présentation du spectacle

SI UN CHIEN RENCONTRE UN CHAT...

CESAR n°289, septembre 2010

Les jeunes acteurs de l’école régionale de Cannes, dans le cadre de leurs travaux de fin d’études présentaient un montage de textes de Koltès sous la direction de Catherine Marnas, leur professeur. Celle-ci, très familière de l’auteur pour l’avoir mis en scène plusieurs fois, proposait une rencontre improbable de différents extraits de pièces et de notes, comme une traversée en territoire koltésien. Le résultat est éblouissant. Réunis devant deux rangées de spectateurs (privilégiés !) à l’ISTS, Institut Supérieur des Techniques du Spectacle, évoluant sur fond de décor en tôles ondulées, les quatorze jeunes élèves comédiens ont excéllé. L’esprit de troupe et le plaisir du jeu était au rendez-vous, qui contribuaient à la réussite de la représentation. Le goût et le sens du plateau, le choix des musiques, les transitions parfaites entre chaque scène réjouissaient les oreilles et la vue. Chacun était mis en valeur dans tel ou tel monologue et l’ensemble formait un tout très cohérent. La parodie de Marylin Monroe en gants Mapa bleus était à croquer, tout comme le personnage de Consuelo ou la scène de la sortie d’hôpital psychiatrique du personnage de la jeune schizophrène. Le moment choral où le texte était partagé entre chaque comédien fut particulièrement émouvant. La Mort était présente à travers cet ensemble de textes, telle la reine de la Vie, face à l’éclatante jeunesse des comédiens.

MARIE-HELENE BONNAFE.

voir la présentation du spectacle

La Provence, le 24 juin 2010

Catherine Marnas imagine un superbe collage de textes de Koltès pour 14 jeunes comédiens.

Des alarmes de sirènes résonnent sur une scène qui s’emplit et se désemplit de personnages aux aguets, de solitaires en demande d’amour qui cherchent à se rencontrer mais se heurtent. Spécialiste de Bernard-Marie Koltès, Catherine Marnas a imaginé un collage de textes ingénieux pour la promotion de l’École Régionale d’Acteurs de Cannes (ERAC). La metteuse en scène y mêle des extraits de pièces, Quai Ouest, Combat de nègre et de chiens, à des passages de la correspondance de Koltès ou de ses réflexions sur le théâtre.
On rit avec Le rouge à lèvres, extrait de Madame Coco, lorsque Consuelo chante Pou Pou Pi Dou à la Marilyn Monroe avec des gants de vaisselle. Une classique scène de dispute entre un homme et une femme est décuplée en étant jouée par l’ensemble des quatorze acteurs, qui répètent, dédoublent, amplifient les états d’âme et la colère des deux personnages. Les saynètes choisieS se font écho au fil de la pièce. (...) Au final, la pièce trouve au fur et mesure qu’elle se déploie, en dépit des contraintes de l’exercice (fournir un morceau de choix à chacun des élèves-acteurs). Catherine Marnas tire tout le parti de ses quatorze jeunes comédiens, à la sensualité animale, dans une scénographie de containers et de lumières au néon, simple mais efficace. Les acteurs s’y rencontrent comme des chiens et des Chats. C’est à dire comme des espèces qui ne devraient pas se croiser mais défendent leur territoire de façon épidermique.

MARIE-EVE BARBIER

voir la présentation du spectacle

La Marseillaise, le 23 juin 2010

(...) Présenté à Marseille avant le Festival d’Avignon, "Si un chien rencontre un chat..." est un montage, tout en finesse, de courts textes, de correspondances et de pièces inachevées ou abouties de Koltès. Maurice et Monique perdus dans le noir de Quai Ouest, June et Carole escaladant le grillage d’un cimetière ou Henry sautant d’un pont de Sallinger, le Call couvert de merde dans Combat de nègre et de chiens, la bonniche Consuelo aux prises avec l’altière Madame Coco, La Félice en perm’ de La fuite à cheval très loin dans la ville : ceux-là, et d’autres, sont sur le fil de la vie, réfugiés dans de "dérisoires solitudes" sur ce plateau fait de containers mouvants ; en transit un plateau de théâtre qui est, comme une prison ou un désert, un "lieu provisoire dont on cherche à s’échapper pour retrouver la vraie vie", paradoxe amplifié par l’incertitude que la vraie vie existât quelque part...
(...) C’est dense, intense, bouillonnant (...) - jusqu’à ce que l’hommage à Koltès se retourne, avant un poignant final mozartien, vers les Vingt ans qu’il (d’)écrivait lui-même à sa mère et que les jeunes gens se renvoient comme en boomerang : "C’est l’âge où je risque ma vie, mon avenir, mon âme, tout, dans l’espoir d’obtenir plus ; c’est l’âge où je travaille sans filet. C’est terrible, bien sûr... mais n’est-ce pas cela, vivre ?" À la Criée, et bientôt à Avignon, sans filet mais avec coeur, c’est sûr : ils vont vivre.

DENIS BONNEVILLE

voir la présentation du spectacle

Zibeline n°32,

7 garçons et 7 filles. 14 élèves de 3e année de l’École Régionale d’Acteurs de Cannes qui illuminent le plateau durant 2 heures. Pour leur dernier travail avant la vie professionnelle, ils sont dirigés par le talent généreux et précis de Catherine Marnas. Un travail rigoureux qui laisse toute sa place à l’émotion sur le plateau quasiment vide, dans le décor judicieux de Carlos Calvo, fait de boîtes empilées formant un puzzle de containers en parfait accord avec le propos.
Il s’agit de plusieurs extraits dramatiques de Koltès mêlés à des notes de travail, des lettres qui donnent un éclairage sur l’univers du dramaturge. Lutte et guerres, exploitation de l’homme par l’homme, rapport de sexes. Personnages sombres, perdus ou ratés qui s’affrontent, se déchirent, s’accrochent pour ne pas sombrer. Et la langue de Koltès, comme un canif très aiguisé, tranche dans le vif de la chair des comédiens : Chacun a SA scène, où il donne tout comme s’il avait tiré à une courte-paille muette. Virevoltant Mathieu Tanguy qui boxe contre le vide, habile Mikaël Teyssie, déjà si profondément juste... Les filles sont toutes formidables, surtout celles qui osent le comique, comme Pauline Jambet qui singe Marilyn avec rouge à lèvres et gants de vaisselle, et la saisissante Louise Belmas encombrée par ses paquets et sa psychose... Un véritable spectacle, qui a permis à chacun de mettre au jour ses qualités individuelles, et son sens du travail choral : les metteurs en scène n’ont plus qu’à aller choisir parmi ces jeunes talents, qui bénéficient pendant deux ans du Fonds d’Insertion des Jeunes Artistes Dramatiques (FIJAD).
_ CHRIS BOURGHE

voir la présentation du spectacle