La tête des femmes
« C’est en voyant des spectacles comme Lilith que l’on comprend pourquoi on dit que les comédiens jouent… comme des enfants ils inventent des mondes, et se saisissent du jeu comme des musiciens font naître un univers sonore.
Il y a du plaisir là-dedans, celui de transformer la matière en le montrant, et en y invitant le public rendu complice. Le travail des comédiens de la compagnie Parnas est sans cesse épatant : il s’agit pour eux de se mettre à table, de commencer à lire un texte, de la ponctuer d’interventions en chœur ou en solo, en rythme ou en gestes, toujours ironiques. Puis peu à peu, insensiblement, d’incarner l’histoire qu’ils racontent, de se lever, de la jouer, en la ponctuant toujours de clins d’œil, d’appels au public, et d’ironie encore. Le spectacle est réglé comme du papier à musique justement : une partition à jouer au tempo, dans toutes des nuances, les ruptures de ton. …
C’est justement ce rapport au sexe que le spectacle explore, ou comment da domination masculine passe aujourd’hui non par une répression de la sexualité, mais par une réduction de la femme à son sexe. À travers un texte de Bataille, une vidéo et une transformation des comédiens en objets excitants, le spectacle démontre combien l’érotisation du corps des femmes les ravale et les humilie. On permet ainsi à Lilith d’exister, et aux femmes d’aime le sexe. Mais pas de parler, de penser, d’être égales… »
Agnès Fréchel