ZIBELINE

Le théâtre s’invite au Banquet
"En ces temps de "glaciation" faire l’éloge de l’imagination, c’est plus que jamais rendre hommage au théâtre" écrit Catherine Marnas, qui sait ce que théâtre veut dire : on se souvient de Sainte Jeanne des abattoirs ou de La Jeune fille aux mains d’argent... Une fois encore avec Le Banquet fabulateur, elle écrit une partition sur mesure pour les acteurs qui endossent avec une aisance spectaculaire les habits de la tragédie comme ceux de la farce, du vaudeville et de la pantomime. Le public se délecte qui, invité à la table du banquet, accepte de participer à cette "beuverie en commun"... Hommage donc au théâtre avec une mise en espace très contraignante dont les acteurs se jouent, et hommage aux textes à travers une succession de saynètes entrecoupées de toasts enjoués.
Catherine Marnas invoque tour à tour Platon (incontournable ici), Shakespeare, Romain Gary, Feydeau, Tchekov..., fait virevolter les tirades d’un bout à l’autre de la table, entremêle les destins, bouscule les codes de la représentation laissant à vue cour et jardin. La metteur en scène aime les acteurs et ils le lui rendent bien : Le Banquet fabulateur est une leçon de théâtre, un concours d’éloquence, un festin de plaisanteries et de bons mots, un feu d’artifice de tirades où l’absurde côtoie le tragique, l’animalité l’humain, la comédie le mouvement, le rire et le cri. Tout le théâtre est là, au plus près du public, avec ses artifices et ses déguisements, ses illusions, sa vérité.

Marie Godfrin-Guidicelli