Catherine Marnas, metteuse en scène française, présente à Phnom Penh un spectacle inspiré d’une légende khmère, La Perdrix mâle et la perdrix femelle. Interpellée par la rencontre des cultures, elle nourrit son art au fil de ses voyages.
Briefing sur la scène du théâtre Chenla. La troupe, assise en cercle sur l’estrade, écoute Catherine Marnas. La metteuse en scène précise ce qu’elle attend de ses acteurs. Elle s’accompagne de gestes, fait chanter l’un, attend que le traducteur ait terminé pour continuer. Dans le cercle, six comédiens khmers, recrutés lors d’un atelier qu’elle a animé un mois auparavant, l’écoutent attentivement.
À la demande du Centre Culturel Français, pour son festival de théâtre Lakhaon, la metteuse en scène vient de monter, avec son équipe, en un mois et demi, un spectacle à partir d’une légende khmère. Une trame dont Catherine Marna a réécrit la fin, changé le début, intégré des histoires occidentales. "J’ai dû déconstruire les représentations que les acteurs avaient de ce conte", explique-t-elle. "Cela les a un peu déconcertés". Depuis les gradins, elle invite ses acteurs à se concentrer. Les cheveux blonds en chignon planté de baguettes, Catherine Marnas est souriante, rigoureuse sûremement, compréhensive certainement.
Une metteuse en scène "tout terrain"
Catherine Marnas bouillonne d’idées, puisant partout son inspiration nécessaire à ses créations. "L’important est de pouvoir démocratiser mon art et de faire converger les cultures. J’aime me confronter aux différences culturelles". Elle a travaillé au Mexique, au Brésil, en Chine et cette fois, au Cambodge. Pour Alain Arnaudet, le directeur du CCF, cela ne fait aucun doute : "Elle sait s’adapter, les conditions de travail ne sont pas les mêmes qu’en France, elle est réellement "tout terrain".
Du Cambodge, Catherine Marnas se confronte à la notion de temps : "Dans la civilisation occidentale, l’humain veut maîtriser la nature, le temps, il est toujours en lutte. Ici la philosophie de vie est basée sur une vraie harmonie. Mon travail s’en ressent déjà. Je suis connue en France pour être une metteuse en scène "punchy". Mais ce spectacle est plus doux, plus lent que ma dernière pièce".
Également enseignante, Catherine Marnas est sensible à la dimension formatrice du projet. "Alain Arnaudet et Borin Khor (responsable du service culturel du CCF) ont une vraie réflexion sur ce qui pourrait être utile au Cambodge, pour la rencontre soit fructueuse d’un point de vue pédagogique", explique-t-elle. Les acteurs semblent également apprécier l’échange, la rencontre, et sous l’impulsion du CCF, envisagent une tournée dans le royaume.
Marie Jansana