La proposition de mettre en scène le conte des frères Grimm « La fille sans mains » s’est imposée à moi très rapidement suite aux entretiens que j’ai eu avec Catherine Marnas au sujet de son expérience cambodgienne au sein du Centre Culturel Français de Phnom Penh la saison dernière.
En effet Catherine Marnas avait mis en scène une légende khmère La perdrix mâle et la perdrix femelle. Notre projet s’établissant sur une durée de trois ans, et ayant ainsi une ambition de continuité avec les acteurs locaux, il m’a paru évident que nous pouvions franchir un nouveau pas en offrant un miroir à cette expérience déjà vécue. Mettre en parallèle l’univers des légendes cambodgiennes et celui des contes occidentaux, proposer cette interrogation sur les différentes strates qui nourrissent notre regard sur le monde.
Les contes ont cette faculté d’exprimer simplement toute la complexité de celui-ci. Ils nous en livrent toute la sagesse, l’âpreté, le fantastique et la beauté, la naïveté tout aussi bien que la gravité. Ces quelques mots qui colorent bien souvent la fin d’un conte, d’une histoire racontée le soir au seuil du sommeil : « Tout est bien qui finit bien » viennent adoucir une vision qui ose se faire peur, un voyage au plus profond de nos doutes, de nos interrogations enfantines toujours si présentes.
Je propose à l’équipe qui participe à ce projet, ainsi qu’aux spectateurs, un voyage sur la frontière si floue entre rêve et réalité. Une errance dans le foisonnement des zones obscures de la conscience et de cette volonté si puissante de grandir et de savoir.
Franck Manzoni