Ainsi notre expérience Cambodgienne s’enrichit-elle encore pour une 4ème année de complicité avec l’Institut Français du Cambodge, et son nouveau directeur Olivier Planchon.
C’est sans doute aussi l’occasion d’un petit bilan du travail effectué lors de ces trois dernières années. J’ai eu la chance, que se soit pour la création de « La jeune fille, le diable et le moulin » il y a deux ans, mais également lors de la préparation de la mise en scène de Catherine Marnas l’année dernière de « L’affaire de la rue de Lourcine » de rencontrer de nombreux acteurs de la vie culturelle Cambodgienne ; comédiens, danseurs, rappeurs, slameurs … L’objectif de notre intervention au festival de Phnom Penh est de proposer une passerelle vers notre théâtre, du point de vue esthétique, dramaturgique, et surtout quand au « jeu » de l’acteur. Nous commencerons donc ce projet avec au moins trois acteurs qui se sont formés auprès de la compagnie Parnas, dont une comédienne qui viendra ensuite passer un an de formation en France.
Le choix d’une pièce de Molière s’inscrit dans une continuité par apport aux choix précédents ; conte Cambodgien puis occidental, une pièce de Labiche et enfin ce grand « classique » Français.
On ne peut rester indifférent aujourd’hui au thème de l’argent, développé dans cette pièce. Cet instrument permettant tout en même temps à Molière de montrer comment on peut imposer sa volonté aux autres ou préparer un mariage dont le seul objectif est la consolidation de ses propres biens, mais également comment cet argent peut empoisonner toute relation familiale (au point qu’un fils pourra dire « Voilà où les jeunes gens sont réduits par la maudite avarice des pères ; et on s’étonne, après cela, que les fils souhaitent qu’ils meurent. »). La pièce nous donne a voir paranoïas, flatteries, persécutions, quiproquos, négociations dans un mouvement de balancier entre rires francs ou plus grinçants.
Une comédie sombre (une « école du mensonge » comme l’indique le titre lui-même) à l’image de la solitude glacée dans laquelle Harpagon semble prendre plaisir à vivre.
FRANCK MANZONI