“le Présent participe, le Passé compose”
Jacques Rebotier in Le désordre des langages.
Il s’agit d’une partition pour cinq acteurs dont le texte « Vengeance tardive » constitue la base mais qui emprunte à d’autres textes de Jacques Rebotier. Celui-ci a participé à l’élaboration du spectacle en écrivant aussi pour les acteurs en fonction du travail de plateau. On y trouve sa poésie – par exemple “les nuages qui regardent un match de tennis” – ses thèmes récurrents - ou encore le parallèle entre la boîte crânienne et le fonctionnement du théâtre : le scientifique décortique le cerveau comme le théâtre décortique le monde, le travail sur la langue - ce qu’il appelle “le regard d’un crapaud sur le monde” - tout devient étrange, décalé, absurde.
Jacques Rebotier est aussi musicien aussi beaucoup de choses sont chantées et la musique a une grande place dans le spectacle.
Il s’agit d’un spectacle tout public mais particulièrement destiné aux lycéens. La forme d‘écriture de Rebotier s’y prête particulièrement : forme très contemporaine qui parle du monde d’aujourd’hui dans une forme ludique, de notre univers quotidien sans critique frontale didactique et moralisatrice.
Quand on lit le théâtre de Jacques Rebotier, il n’est pas toujours facile d’imaginer autre chose que les mots et la langue , d’expliquer ce qui sera visuel, ce que seront les évènements de plateau, la danse, l’étrangeté de certaines actions de son univers comme la didascalie “un bruit passe”. Néanmoins, il s’agira bien d’utiliser tous les moyens qu’offre le plateau pour donner vie à ce regard sur le monde.
Depuis cent soixante-treize heures déjà, j’étais assis devant Distance, sans pouvoir m’en échapper. Tentant de secouer un peu les chaînes, je xappais. Toutes les six secondes, avec précision. Happé que j’étais par le meurtre perpétré perpétuel sur le langage, en réel ou en virtuel. Toutes les six secondes, mon pouce droit respirait, apportant ma personnelle contribution d’un montage en déféré direct aléatoire (…)
Résumé de Vengeance Tardive par Jacques Rebotier.